Rencontre avec Luca Verre (ECL 2005), Cofondateur et CEO de Prophesee
Parcours d’un Centralien très international
Prophesee, entreprise spécialiste de la vision industrielle, vient de faire la une de l’actualité avec une levée de fonds de 50 M€. Prophesee est l’inventeur des systèmes de vision neuromorphiques les plus avancés au monde et elle est désormais la « start-up de semiconducteur fabless la mieux financée d'Europe ». Nous avons rencontré son cofondateur et CEO, Luca Verre, Centralien de Lyon de la promotion 2005.
Peux-tu nous résumer ton parcours académique ?
Je suis italien d’origine et j’ai obtenu en 2005 un double diplôme : Master of Sciences en physique, électronique et génie industriel du Politecnico di Milano - et diplôme d’ingénieur de l'Ecole Centrale de Lyon, avec une spécialisation en électronique. Après un début de carrière dans l’industrie, j’ai complété ce cursus en 2013-2014 par un MBA de l’INSEAD.
Quel souvenir gardes-tu de tes études à l’École Centrale de Lyon ?
J’en garde un très bon souvenir. D’abord parce que les classes étaient beaucoup plus petites qu’au Politecnico de Milan, qui compte aujourd’hui plus 35 000 étudiants. Et j’ai apprécié l’approche généraliste de l’Ecole avec des cours d’économie ou de génie mécanique par exemple, qui m’ont ouvert sur d’autres spécialités. Je me rappelle très bien ce cours de mécanique où l’on nous demandait de démonter et remonter un moteur, un exercice bien éloigné de l’électronique… Et puis la vie sociale extraordinaire sur le campus, ces soirées du jeudi où j’étais le cuisinier de mon étage ! Et les échanges enrichissants avec les étudiants étrangers, venus de Chine, du Brésil ou d’ailleurs. Ce sont des expériences d’ouverture sur des métiers et des cultures qui m’ont servi dans toute la suite de ma carrière.
Quels postes as-tu occupé avant de créer Prophesee en 2014 ?
J’ai d’abord travaillé chez Schneider Electric, à Sophia Antipolis, puis au Japon où je suis resté 4 années dans des fonctions marketing. Ce poste au Japon, je le dois en partie à l’ECL - car l’Ecole m’avait permis de prendre des cours de japonais avec une enseignante de grande qualité, Mme Shimamori, auteur d’ouvrages de référence. Et c’est au Japon que j’avais accompli mon stage de 2ème année. Après l’extrême Orient, je suis revenu en Europe, en Allemagne d’abord pour m’occuper de business développement puis à Paris. En 2013, je décide de prendre une année sabbatique pour suivre les cours de l’INSEAD et c’est là que je rencontre mon futur associé, Directeur de la recherche de l’Institut de la Vision.
Quelles étaient les objectifs de l’entreprise à sa création ?
Nous avons créé la société en février 2014 afin de concevoir un modèle artificiel de rétine biologique et de faire ainsi progresser la technologie des implants rétiniens. Nous avons fait une première levée de fonds afin de développer des capteurs neuromorphiques innovants, qui se basent sur la capture des changements dans l’image - plutôt que sur l’acquisition de l’image entière. C’est ce que nous appelons le mode événementiel pour nos systèmes de vision (« Event-Based Vision systems »).
Comment s’est développé Prophesee ?
Nous avons débuté par des collaborations avec des sociétés médicales comme Pixium Vision ou GenSight Biologics pour poursuivre notre ambition initiale de redonner la vision aux malvoyants. Mais nous avons vite perçu le potentiel de nos solutions dans d’autres domaines : L’industrie d’abord où notre technologie supporte des applications de mesure, de comptage ou d’inspection dans des secteurs comme l’agroalimentaire, la pharmacie, la fabrication, etc. Mais aussi la voiture autonome pour les systèmes d’assistance à la conduite – et la téléphonie mobile où nos solutions doivent permettre d’améliorer les prises de vue des capteurs classiques pour les sujets en mouvements (« motion blur »). Enfin, la réalité virtuelle et la réalité augmentée où nos produits servent au suivi oculaire (« eye tracking »). Avec Prophesee, nous avons levé à ce jour plus de € 100 M et nous venons d’accueillir Xiaomi parmi nos investisseurs. Nous sommes très confiants dans les perspectives de l’entreprise, expert de la métavision pour les machines.
Quels conseils donnerais-tu à un jeune ingénieur d’aujourd’hui ?
Les technologies évoluent sans cesse et il faut être à l’écoute. La voiture autonome ou le métavers sont des domaines qui vont connaitre des développements passionnants. La situation a beaucoup changé depuis l’époque où les ingénieurs débutants rêvaient d’intégrer un grand groupe. Pour les jeunes ingénieurs, il faut qu’ils soient ouverts aux risques. Les start-ups peuvent leur offrir de belles opportunités. Les prises de responsabilité y sont plus rapides et ces jeunes entreprises intègrent des critères d’impact sur le quotidien. Ce sont des éléments essentiels à prendre en compte pour bien orienter sa carrière.
Auteurs
Diplômé d'un Master of Sciences en physique, électronique et génie industriel du Politecnico di Milano et diplôme d’ingénieur de l'École Centrale de Lyon, avec une spécialisation en électronique.
Après un début de carrière dans l’industrie, j’ai complété ce cursus en 2013-2014 par un MBA de l’INSEAD.
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