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06 juillet 2018

Énergie renouvelable : la connexion citoyenne

Et si on laissait les citoyens participer au financement des projets d’énergie renouvelable ? Voilà une idée qui a fini par germer au point de recevoir le soutien de l’État. 


Depuis 2017, les appels d’offres pour le solaire photovoltaïque, l’éolien, et la biomasse, de la Commission de Régulation de l’Énergie (CRE) prévoient un bonus tarifaire aux projets qui incluent une part de participatif dans le financement.

Ces appels d’offres attribuent des tarifs subventionnés sur le principe d’enchères inversées. Le bonus participatif, qui peut aller jusqu’à 3 €/MWh, représente donc une prime d’environ 5 %, mais est distribué sous conditions, notamment que les participants aient accès aux capitaux propres à hauteur de 40 % minimum et qu’ils soient riverains du projet.
 

Un avenir prometteur

L’institut de recherche I4CE, de la Caisse des Dépôts et Consignations, a chiffré à 500 millions d’euros l’épargne des Français qui sera fléchée vers ce type de projets dans les cinq années qui viennent.

Le secteur de financement participatif bénéficie donc d’une reconnaissance de son utilité et de son professionnalisme. Voilà maintenant quatre ans que les plateformes en ligne tirent avantage d’une réglementation ad hoc, qui les exonèrent de certaines contraintes de la réglementation de l’appel public à l’épargne.

Sous agrément de Conseiller en Investissements Participatifs, délivré et supervisé par l’Autorité des Marchés, les plateformes peuvent collecter jusqu’à 2,5 millions d’euros par projet en capital ou en dette. Certaines plateformes se sont spécialisées sur des niches comme les startups ou l’agriculture.

ENERFIP pour sa part n’offre à l’investissement que des projets de la Transition Énergétique. C’est donc tout naturellement que les porteurs de projets lauréats d’appel d’offres de la CRE s’adressent à ENERFIP pour réaliser les collectes pour financer leurs actions.

Les citoyens n’ont pas non plus vocation à remplacer les banques

Financement participatif et énergies renouvelables

Mais pourquoi inciter au financement participatif sur ce type de projets ? La vocation d’ENERFIP n’est pas de résoudre leur problème de financement. Les citoyens n’ont pas vocation à remplacer le développeur de projet qui doit assumer le risque du développement.

Les citoyens n’ont pas non plus vocation à remplacer les banques, qui proposent aujourd’hui des financements abondants à des prix imbattables.

Le financement participatif a une vertu tangible : intéresser les citoyens à la Transition Énergétique (...) Dès que l’on touche au portefeuille, les citoyens s’intéressent de plus près aux projets de leur territoire 

 

Le financement participatif a une vertu tangible : il permet d’intéresser les citoyens à la Transition Énergétique. Intéressés, au sens propre, avec un financement participatif, les citoyens bénéficient des fruits de ces investissements subventionnés par l’État.

Il y a là partage de la valeur, mais aussi une dimension encore plus importante : le développement de l’information sur la production locale d’énergies renouvelables.

C’est un fait, dès que l’on touche au portefeuille, les citoyens s’intéressent de plus près aux projets de leur territoire. Le financement participatif prend alors un sens différent. Il participe d’une meilleure concertation, d’une meilleure intégration territoriale, d’une meilleure acceptation locale.

 

Enerfip, l’appropriation citoyenne

 ENERFIP a plus été pensé comme un instrument de concertation et de pédagogie que comme un outil de financement

Ainsi, ENERFIP a plus été pensé comme un instrument de concertation et de pédagogie que comme un outil de financement. À vrai dire, nous avons créé ENERFIP pour deux raisons principales. D’abord, comme moyen permettant aux citoyens de s’approprier la Transition Énergétique – ici aussi dans les deux sens du terme « s’approprier » – ensuite pour répondre aux problèmes des développeurs de projet, que nous, fondateurs d’ENERFIP, avons rencontrés au cours de nos carrières respectives dans l’hydroélectricité, le solaire photovoltaïque ou la biomasse.

Forte de cette volonté et de ce constat, l’activité d’Enerfip n’a pas attendu les appels d’offres de la CRE pour décoller. Ainsi, depuis l’automne 2015, nous avons collecté 10 millions d’euros sur 45 projets, et comptons aujourd’hui 8 000 membres.

 

Concrètement, comment ça marche ?

Tout Français peut placer son épargne en direct dans un projet précis, à partir de 10 euros et sans aucuns frais. C’est la production et la vente d’électricité qui permet de rembourser les citoyens et de rémunérer leur placement.

L’argent peut être investi en prêt – sous forme d’obligations dans la majorité des cas – ou en actions, ce qui donne alors accès à un droit sur la gouvernance du projet.

Portés par les professionnels reconnus du secteur (des PME de quelques dizaines de collaborateurs aux grands groupes comme Engie Green), les projets peuvent être à construire ou déjà en exploitation. Quand ils sont en phase de développement, des sûretés sont prises pour éviter que le citoyen ne supporte le risque. Les collectes de 100 000 à 2 500 000 euros, rassemblent en général plusieurs centaines de personnes, car le ticket moyen est d’environ 1 300 €.

La rémunération de cette épargne est proche de celle des actionnaires, soit entre 5 et 7% par an

La rémunération de cette épargne est en effet naturellement très attractive, car les citoyens sont rémunérés à un niveau très proche des actionnaires, c’est-à-dire entre 5 et 7 % par an.

 

Et demain ?

Si le photovoltaïque et l’éolien terrestre forment aujourd’hui la majorité des projets financés, d’autres perspectives s’ouvrent aux citoyens.

Nous venons par exemple de boucler pour 400 000 euros, sur la région Occitanie uniquement, la première collecte (nationale, voire mondiale) d’un projet éolien en mer.

Eolmed est un projet innovant d’éolien flottant, une filière émergente. Nous devrions aussi proposer bientôt des projets d’efficacité énergétique et d’infrastructure, comme la rénovation de réseaux de chaleur. Nous proposons également l’investissement dans des startups de la Transition Énergétique que nous sélectionnons de manière draconienne (

 

Léo Lemordant, Président et cofondateur d’Enerfip.

Pour plus d’infos : leo@enerfip.fr  et dossier de presse disponible en ligne

Auteur

Diplômé de Centrale Lyon en 2008 et docteur en hydrologie de Columbia University (New York, USA), Léo Lemordant a commencé sa carrière comme ingénieur pour le développement de projets hydroélectriques. En 2014, il fonde Enerfip, une plateforme d’épargne participative dédiée à la transition énergétique avant d'en sortir à l'automne 2022 pour créer la startup Tellus AI qui fournit aux décideurs l’information sur les risques climatiques dont ils ont besoin. Voir les 4 Voir les autres publications de l’auteur(trice)

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