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23 janvier 2020

Massimo Passamonti, COO de la Fintech Privatam

Massimo Passamonti (2004) a débuté sa carrière comme ingénieur à l’Institut National de Physique Nucléaire en Italie puis à Genève au CERN. Très vite, il se réoriente vers la finance et part à Londres travailler dans une banque d’investissement. Finalement, en 2014, il décide avec trois de ses collègues de créer sa propre société Fintech : Privatam. Il a accepté de revenir pour Technica sur son parcours et ses aventures entrepreneuriales.


Technica : Bonjour Massimo. Tu as débuté ta formation d’ingénieur en Italie. Comment t’es-tu retrouvé à étudier à Centrale Lyon ?
J’ai commencé mes études à l’École Polytechnique de Milan en m’orientant vers l’ingénierie nucléaire avec un intérêt particulier pour les propriétés chimico-physiques des matériaux. C’était passionnant. Après deux ans, j’ai découvert que l’École Polytechnique de Milan avait un programme d’échange avec l’École Centrale de Lyon. Ce programme nommé TIME (Top Industrial Managers of Europe) m’intéressait car je souhaitais étudier d’autres domaines. C’était aussi l’occasion pour moi de vivre ma première expérience d’étude à l’étranger pour améliorer ma connaissance de la langue et de la culture française. L’ECL était reconnue comme une des meilleures écoles d’ingénieur généraliste de France et, avec le support de mes professeurs à Milan, j’ai décidé de postuler. Après quelque mois j’ai reçu la réponse positive de l’École et c’est comme ça que mon aventure de deux ans à l’ECL a démarré. « Promo 2004, qui peut te battre ?», était notre « moto ». Ce fut une expérience unique. Elle a contribué à me faire grandir humainement et culturellement.

Pourquoi avoir choisi en début de carrière de t’orienter vers la recherche nucléaire ?
Pendant mes études à Centrale de Lyon, j’ai fait un stage de trois mois auprès de l’Institut National Recherche Nucléaire. Pendant ce stage j’ai découvert que le CERN à Genève proposait le ‘technical student program’, qui permettait aux étudiants universitaires de travailler pendant un an dans un département de leur choix. J’ai postulé et été sélectionné pour faire des recherches au sein du département de sécurité mécanique. Ce dernier avait pour mission de vérifier tous les calculs structurels effectués par les autres équipes pour s’assurer que dans le cas d’un stress mécanique, électromagnétique et thermique la sûreté de l’accélérateur ne soit pas impactée.


Finalement, tu décides de changer complètement de voie au bout de seulement 1 an. Pourquoi ce changement de cap ?
Le monde de la recherche en physique est un monde complexe. Pour voir les résultats de tes travaux, ça peut prendre des dizaines d’années. Je suis quelqu’un qui aime voir les résultats sur une échelle plus courte. De plus, le monde de la finance était très proche de celui de la physique et des mathématiques. J’y ai retrouvé plusieurs concepts connus et cela m’a permis d’apprendre vite.

En 2014, tu crées la Fintech Privatam. Peux-tu rapidement nous présenter ses activités?
Privatam est un intermédiaire de produits d’investissement ayant une smart-plateforme à base IA pour faciliter le sélection et l’analyse de produits financiers. Les plateformes que nous développons sont un peu comme des cockpits d’avion où le pilote a devant lui, à sa portée, toutes les informations nécessaires à la prise de décision et au contrôle du risque. En seulement quelques clics, nos applications offrent un suivi simple, intuitif et consolidé de leurs portefeuilles.

Quel est ton rôle concrètement au sein de Privatam, au delà du fait que tu en sois  un des 3 dirigeants ?
Je suis ce qu’on appelle le Chief Operating Officer. Je veille au bon déroulement des opérations chez Privatam. Privatam est une société de taille moyenne et je dois donc m’assurer que les équipes peuvent travailler de façon efficace. Le COO est comme l’huile dans la voiture, il assure que le moteur continue à tourner sans frottements.


Qu’est-ce que ça change de passer de salarié à dirigeant ?
Ça change tout. Comme employé, j’avais des responsabilités limitées à mon travail et à ce que je faisais. Une mauvaise décision ou une erreur pouvait affecter ma position ou celle de mon équipe, mais ne pouvait pas mettre en péril la société. A l’inverse, en tant que dirigeant, mes décisions ont un impact sur l’ensemble de la société. Le droit à l’erreur est encore plus limité car les conséquences de mes mauvais choix peuvent être particulièrement lourds. L’autre grande différence est liée à l’absence de repères. Quand on travaille dans une société établie, il y a une structure définie, claire et sans ambiguïté. Si on a un doute, on en parle avec son responsable. Si on a une question, on peut en discuter avec les collègues, et si on a besoin d’aide, on peut demander aux autres équipes. En qualité de dirigeant d’une petite entreprise partie de zéro, je dois être le repère pour tous les autres, je dois apporter les réponses aux questions que l’on me pose et accompagner ceux qui ont besoin d’aide.

Quels conseils aurais-tu aimé qu’on te donne avant de créer ta boîte ?
Souvent on pense que la réussite d’une start-up dépend exclusivement du produit ou du service qu’on offre. Ceci n’est vrai qu’en partie. Une société est une machine avec plusieurs pièces qui bougent indépendamment et il faut comprendre dans les détails comment gérer ces mouvements. Il faut également écrire et surtout suivre un business plan et le faire sérieusement. Et, dernier point, il faut bien choisir ses associés et s’assurer que les intérêts soient complètement alignés.

De quoi es-tu le plus fier 5 ans après la création de ta société ?
Je suis très fier d’avoir créé des emplois et de pouvoir contribuer au développement professionnel de mes collaborateurs. Ils sont dotés d’un potentiel incroyable et je suis heureux d’apprendre tous les jours à leur côté.

As-tu eu des moments de doutes ? Des erreurs que tu aurais pu éviter ?
J’ai eu et j’ai encore des doutes. J’ai fait et je fais encore des erreurs. Celui qui n’en fait jamais, ne peut avancer. Le secret est d’être capable de réagir, d’apprendre de ses mauvais choix, de se relever et de continuer.

On dit que diriger c’est savoir trancher dans des situations complexes. Quelles ont été les décisions difficiles que tu as dû prendre dans le cadre de Privatam ?
C’est exact. Souvent on se trouve face à plusieurs options. Toutes ont un sens dans le contexte de notre activité, toutes sont des bonnes options d’un point de vue financier, toutes ont le potentiel de contribuer à notre succès. Comment faire dans ces situations ? On a recours à ce qu’on peut appeler l’instinct. Quand il y a trop de facteurs et de paramètres à analyser, le sixième sens est celui qui guide les décisions et nous permet de trancher.

En quoi le fait d’être ingénieur te sert-il encore aujourd’hui dans ton travail ?
Tous les jours, en tant que dirigeant, je dois faire face à des problèmes qu’il faut résoudre. Quand on est un ingénieur, on nous apprend à analyser les problèmes, les décomposer en plusieurs sous-problèmes plus simples, à les résoudre indépendamment pour ensuite recomposer ces sous-solutions pour trouver la solution du problème initial. C’est grâce à ma formation d’ingénieur que je peux répéter ce processus pour faire avancer les choses.

Pourquoi avoir repris tes études en 2019 pour suivre un MBA ?
J’ai repris les études pour développer ce que les anglais appellent les ‘soft skills’. C’est aussi une façon pour moi de me remettre en question et de sortir de ma zone de confort habituelle. Quand on a travaillé pendant très longtemps dans le même domaine comme c’était mon cas pour la finance, il est important de retrouver un challenge intellectuel. Échanger des idées avec quelqu’un qui s’occupe de pharmaceutique, d’énergie, de recrutement ou de conception de cuisines est pour moi très enrichissant. C’est comme ça qu’on grandit professionnellement et c’est ce que j’essaye de faire.
De plus si être analytique est quelque chose de très puissant, cela peut aussi devenir une faiblesse. Nous vivons dans un monde complexe où la composante humaine joue un rôle important. Même avec l’évolution de la technologie et la dématérialisation de ce qui nous entoure, les gens, les collègues restent essentiels, peut être encore davantage aujourd’hui que les machines font les choses à notre place. La dynamique de groupe, le relationnel, l’émulation sont d’autant plus importants.

Quels sont tes projets pour la suite ?
Notre ambition est simple, nous voulons devenir la référence pour tous les investisseurs pour tout ce qui concerne les produits d’investissements de niche. Aujourd’hui si quelqu’un développe une stratégie d’investissement en Europe, il sera très difficile de découvrir cette stratégie en Amérique Latine. Nous voulons combler ce vide et donner accès à ces investissements à tous les petits et moyens investisseurs où qu’ils se trouvent dans le monde.

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