Drone à voilure fixe : les étudiants du Master aéronautique de Centrale Lyon entrent dans la course avec le projet ECLift
A l’image de l’Écurie Piston Sport Auto, un groupe d’étudiants du Master en ingénierie aéronautique de Centrale Lyon vient de lancer le projet ECLift. Son ambition : concevoir un drone à voilure fixe en vue de participer à la seconde édition de l’XtraChallenge 2024 qui aura lieu lors du prochain Air Cargo Challenge, compétition d'ingénierie aéronautique qui se tient en Europe tous les deux ans. Nous avons demandé à Hugo Pamies Moreno, élève en Master aéronautique à Centrale Lyon et fondateur d’ECLift de nous parler de ce projet qui a tous les atouts pour prendre rapidement de la hauteur.
Bonjour Hugo. Peux-tu nous expliquer en quoi consiste le projet ECLift ?
Le projet ”Easy Lift ”est né de la volonté des étudiants du Master en ingénierie aéronautique de l'ECL d'approfondir et de mettre en application leurs connaissances. L’objectif est de concevoir, construire et faire voler ce qu’on appelle un "drone à voilure fixe" (un avion) et de participer au XtraChallenge 2024, une compétition internationale étudiante qui aura lieu en juillet prochain. Pour y parvenir, nous pouvons nous appuyer sur les outils et le savoir-faire acquis pendant les cours, tout en bénéficiant d'un environnement favorable avec notamment les installations de l'Ecole qui nous permettent de fabriquer le prototype avec l'aide des professeurs impliqués dans le projet.
Quelles sont les caractéristiques du drone que vous développez ?
Notre aéronef est conçu pour transporter une grande quantité de matériel. Il s'agit d'un drone d'une envergure d'environ 2 mètres, capable de transporter jusqu'à 3 kg de marchandises à une vitesse de 100 km/h. Il s'agit d'un avion démontable pour le transport, dont la principale limite est le volume qu'il occupe une fois désassemblé, ce qui est régi par les règles de la compétition.
En quoi consistent les épreuves du XtraChallenge 2024 ?
Le XtraChallenge est un concours aéronautique destiné aux étudiants en ingénierie du monde entier. Il présente les créations d'équipes d'universités de référence. Les drones sont soumis à des tests statiques et dynamiques. Tout d'abord, le développement théorique de l'aéronef est évalué grâce à une présentation et d'un rapport technique complet, qui comprend des plans, des calculs de stabilité, des prévisions de charge... Ensuite, le drone est soumis à plusieurs tests chronométrés au cours desquels ses capacités réelles sont mises en avant.
Quelle est celle la plus complexe théoriquement ?
Le test que nous considérons comme le plus difficile est le décollage court à pleine charge. L'avion décolle en quelques mètres avec les volets complètement déployés et la situation pendant la montée est très délicate à cause de la faible vitesse et du risque de décrochage.
On imagine que les défis techniques sont nombreux...
L'avion que nous développons est équipé d'un système de propulsion électrique, qui est le même pour tous les avions de la compétition (même hélice, même moteur). Le défi est donc, avec la même poussée que les autres équipes, d'obtenir les meilleures performances grâce à un design aérodynamique intelligent, et une construction légère mais résistante. ECLift adopte également une approche différente par rapport à l’utilisation de matériaux plus accessibles et durables. Notre volonté est que l'ingénierie aéronautique continue de se nourrir des idéaux du développement durable.
Quels objectifs vous fixez-vous pour cette première participation ?
Pour réussir l'XtraChallenge, vous avez besoin de deux choses : de l'effort et de l'expérience. L'un ne peut pas remplacer l'autre. Nous allons donner le meilleur de nous-mêmes, mais nous savons que nous sommes face à des équipes qui ont du vécu derrière elles. Notre objectif principal est de marquer la compétition de notre empreinte et de consolider l'équipe pour qu'ECLift puisse rêver de victoires dans les prochaines éditions. Même si, bien sûr, nous aimerions être en tête du classement.
Tu évoquais un environnement favorable. Comment les cours et les infrastructures de l’Ecole participent-ils à faire avancer le projet ?
Le contenu du programme d'ingénierie est très large et diversifié. À ECLift, nous utilisons des programmes de CAO ou de FAO pour la conception, que nous apprenons à utiliser en cours. En plus des cours de Master, l'Ecole propose également d'autres formations telles que des ateliers au FabLab pour contrôler des machines comme les découpeuses laser ou les imprimantes 3D, qui nous sont très utiles.
Parle-nous de l’équipe qui travaille sur ECLift
L'équipe est composée de douze étudiants de première année de master. Les membres sont des jeunes passionnés par l'aéronautique et l'aviation. C'est un groupe très diversifié, avec une représentation féminine de 40% et des membres de 7 nationalités différentes, ce qui rend l’expérience encore plus enrichissante.
Comment s’organise le travail d’équipe ?
Il est organisé autour de plusieurs départements responsables chacuns d’un domaine spécifique : conception aérodynamique, électronique-propulsion, structures-fabrication, marketing et enfin gestion de projet. Chaque équipe est piloté par un responsable. Cette structure permet aux membres de se consacrer au domaine de leur choix, des rôles très différents étant exercés.
Où en est le projet à ce jour ?
Nous avons achevé la conception du fuselage et sommes en train de finaliser le calcul de l'aile et de l'empennage (qui doivent fonctionner de manière harmonisée). Cela nous permettra bientôt de fabriquer une structure avec la géométrie choisie, et, enfin d'assembler toute l'électronique, ce qui représente la dernière étape. Nous prévoyons d'effectuer le premier test réel en mars, et d'améliorer le prototype au fil des essais en vol jusqu'à la compétition.
Le projet ECLift ressemble à celui porté par l’Écurie Piston Sport Auto, avec un drone à la place de la voiture. Y-a-t-il selon toi des synergies possibles entre ces deux projets ?
Je pense que la philosophie de l'équipe est similaire : la compétition est un prétexte pour apprendre et innover. Bien qu'il s'agisse de domaines différents, nous partageons de nombreux défis. EPSA et ECLift peuvent s'entraider. Elles ont de nombreuses années d'expérience, une infrastructure solide et des ateliers très bien équipés. Nous possédons de nombreuses compétences dans le domaine aéronautique qui peuvent leur être utiles, par exemple pour les études CFD ou la simulation de structures légères.
Dernière question. Comment les anciens élèves de l’ECL peuvent-ils selon toi aider le projet ?
Nous sommes confrontés pour la première fois à la gestion d'un grand projet d'ingénierie. Il s'agit d'une initiative multidisciplinaire dans laquelle il faut obtenir des ressources, organiser de nombreuses tâches différentes et respecter des délais. L’aide des anciens élèves issus de l'industrie aéronautique ou aillant développé des connaissances spécifiques qui pourraient servir notre projet, sont évidemment les bienvenus.
Contact : eclift.fr@gmail.com
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