Flavie Balandras, ingénieure travaux et championne de roller course
Ingénieure travaux chez Léon Grosse, Flavie Balandras (ECL2014) a parcouru du chemin depuis sa sortie de l’École en 2018. Notamment en roller, discipline qu’elle pratique à haut niveau avec 5 titres de Championne de France. Une carrière professionnelle et sportive qui avance comme sur des roulettes et qu’elle a accepté de raconter pour Technica.
Bonjour Flavie. Comment gères-tu ton double emploi du temps entre ta carrière professionnelle et tes entraînements sportifs ?
C’est vrai que depuis que j’ai commencé à travailler comme ingénieure travaux chez Léon Grosse, j’ai dû aménager ma façon de m’entraîner. J’ai notamment décidé de privilégier l’entraînement technique à celui de musculation afin de coller avec mon emploi du temps professionnel. Je m’entraîne ainsi en moyenne 3 à 5 fois par semaine avec des séances de 1h à 1h30, contre 12h hebdomadaires l’année de mon dernier titre de Championne de France en 2018. L’exigence n’est forcément pas la même ni les ambitions pour la saison.
Quelles sont les disciplines qui cohabitent dans le roller et lesquelles pratiques-tu ?
Il y en a énormément : on trouve le roller hockey, le rink hockey avec de plus petites crosses, la descente, le freestyle, le free-ride, le roller artistique, le roller derby, un sport collectif avec beaucoup de contacts, le slalom… Dans mon cas, je me suis spécialisée dans les courses longues distances, c’est-à-dire à partir de 10km. Les courses se déroulent généralement sur des pistes de 200m avec des virages moins relevés que dans les vélodromes. Les courses peuvent être à points (les deux premiers de chaque tour marquent des points), ou à éliminations. Certaines épreuves plus longues comme le marathon se déroulent sur route. Elles se disputent comme une étape de cyclisme avec un peloton et des échappées, le premier qui franchit la ligne a gagné.
Raconte-nous tes 5 titres de Championne de France
Chaque année ont lieu 4 Championnats de France qui se déroulent chacun sur une course unique. Il faut donc arriver en forme le jour J. En 2012, j’ai décroché 4 titres en catégorie nationale (Senior B) sur les épreuves indoor fond, indoor vitesse, 3km contre-la-montre et marathon. Puis, en 2018, j’ai remporté le titre de Championne de France du 10km à points sur circuit routier, peut-être la victoire dont je suis la plus fière.
Te souviens-tu précisément du déroulement de ta course ?
La course à points est une épreuve particulière puisque la tactique joue un rôle important dans le résultat final. A chaque tour, seuls les deux premiers marquent des points. Il faut donc savoir gérer ses efforts sur la durée et garder les idées claires pour identifier les adversaires les plus menaçants. Je me souviens que lors de ce Championnat de France, une grosse chute s’était produite en début de course. J’ai eu la chance de passer au travers, à l’inverse de certaines de mes coéquipières. A partir de cet incident, j’ai arrêté de compter les points et ai surtout essayé de jouer tous les coups à fond. A trois tours de l'arrivée, je me suis de nouveau échappée du peloton et ai franchi la ligne en solitaire. J’ignorais alors le classement exact de la course ayant depuis longtemps arrêté de compter les points ! Ce n’est qu’à la fin de mon tour de déroulage que j’ai appris que je venais de remporter la course et le titre de Championne de France du 10km à points !
Quelles sont selon toi les qualités qui distinguent un(e) champion(ne) de roller de ses poursuivant(e)s ?
Plus la course est longue, plus la stratégie est importante. A un certain niveau, il faut sentir la course afin de prendre les bonnes décisions aux bons moments. Prendre la bonne échappée ou savoir se décaler à l’approche d’un sprint pour ne pas rester bloquée dans le tas, et trouver la faille parmi parfois jusqu’à 40 patineuses. La dimension tactique se travaille notamment grâce à des séances vidéo qui permettent d’analyser ses courses et voir ses points forts et les erreurs à corriger.
Quels sont justement tes points forts et ceux que tu dois encore améliorer ?
A défaut d’avoir une grosse pointe de vitesse, j’ai la chance d’avoir une bonne endurance. Ce manque d’explosivité m’a parfois empêchée de tirer mon épingle du jeu lors des sprints de fin de course. C’est mon talon d’Achille même si le travail spécifique que je réalise depuis quelques années m’a permis de m’améliorer.
Même si tu privilégies aujourd’hui ta carrière professionnelle, te fixes-tu des objectifs sur le plan sportif ?
Il faut rester ambitieuse tout en ayant conscience de ne pas lutter à armes égales avec certaines de mes adversaires notamment celles du pôle France. Pourquoi pas gagner de nouveau un marathon. En 2020, j’ai réussi malgré le contexte particulier à décrocher une 6ème place sur cette épreuve. Je ne désespère pas de remonter sur un podium.
Revenons à tes débuts de patineuse. Comment t’es-tu intéressée au Roller ?
C’est une histoire de famille. Mon père cherchait une activité que l’on puisse pratiquer tous ensemble. On a commencé à faire du roller hockey avec une autre famille sur le parking de la discothèque de notre village. Les deux papas se sont ensuite lancés dans les 24h du Mans roller. De son côté mon grand-frère s’est mis au roller course au sein du club du LOU Roller , il a également fait partie de l’Équipe de France. Je me souviens être allée très tôt le voir à l’entraînement, mais le déclic, je crois l’avoir eu en allant voir une compétition à laquelle il participait sur la nouvelle piste cyclable du Parc de Parilly en 2005. Quelques semaines plus tard, je prenais ma première licence au Lou Roller.
Y avait-il une équipe de roller lorsque tu étais élève à Centrale Lyon ?
Il y a eu à une époque une équipe de roller hockey à Centrale mais malheureusement pas lorsque j’y étais. Par contre, j’ai rencontré sur le campus un élève de ma promo, Peter Abi Nader, qui pratiquait lui-aussi le roller mais en région parisienne. Le temps de sa scolarité à Centrale, il m’avait rejoint dans le club où je m’entraînais.
Le roller comme le vélo, est-il un sport où l’on se bonifie avec l’âge ?
On dit souvent que pour espérer atteindre le très haut niveau en roller, il faut débuter jeune, vers 5 ans en moyenne. Personnellement, j’ai commencé à 12 ans ce qui ne m’a pas empêchée de réussir quelques belles performances. Quant à savoir si on devient meilleur avec les années, tout dépend des disciplines. L’expérience permet sans doute de mieux sentir les courses, mais à l’inverse, il me paraît difficile avec l’âge de conserver une bonne pointe de vitesse, même sur une épreuve comme le marathon, les années peuvent peser sur le résultat final.
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