Jean-Philippe Bernardin (ECL 1986) - Chief Operating Officer Thales IFE Business Line chez Thales Avionics
Après des débuts au sein de l’Aérospatiale, Jean-Philippe Bernardin (ECL 1986) rejoint le groupe Thales dans la partie Activités Défense Aérienne au sein de laquelle il occupe successivement les fonctions de Responsable Produit Radar, puis Responsable des offres à l’international avant d’être nommé Responsable Programme du développement et production du programme de défense aérienne franco-Italien.
Après 15 ans dans les activités militaires, il décide de découvrir les activités civiles du Groupe Thales, Air Traffic Management (Australie), Satellite Télécommunication (Toulouse et Italie), Équipements Aviation Civil, Transport Terrestre Métro (Canada).
Installé depuis un peu plus de deux ans en Californie, il pilote aujourd’hui la coordination interne des activités de la Business Line InFlyt Experience (IFE BL) de la division Avionics de Thales. Rencontre avec un ingénieur sans frontière, mais qui se verrait bien un jour rentrer en France.
Bonjour Jean-Philippe. Vous êtes aujourd’hui Chief Operating Officer Thales IFE Business Line chez Thales Avionics. Pouvez-vous nous présenter cette structure et votre rôle au sein de celle-ci ?
Pour résumer ce que représente le groupe Thales Avionics aujourd’hui, on considère que deux avions sur trois qui décollent et atterrissent chaque jour dans le monde, utilisent des équipements électroniques conçus par Thales. Cela représente 1.6 million de passagers quotidiens qui profitent, sans le savoir, des technologies développées par le groupe.
InFlyt Experience est une des Business Line (IFE BL) de la division Avionics. Elle regroupe toutes les activités liées à l’expérience passager à bord des avions (In Flight Entertainment, Connectivity, maintenance et support des équipements Thales IFE auprès des compagnies aériennes).
L’IFE BL emploie aujourd’hui 1500 employés, dont les deux tiers aux USA, principalement sur les sites d’Irvine en Californie, Melbourne et Orlando en Floride. Les autres employés travaillent auprès des compagnies aériennes pour assurer support et maintenance. Nos clients principaux sont toutes les compagnies aériennes du monde.
Quant au poste de Chief Operating Officer, il est passionnant. Je dois garantir le bon fonctionnement interne de l’activité, assurer la coordination de toutes les activités internes afin de garantir le développement de nos produits, la livraison en temps et en heure de nos équipements, le tout avec la pleine satisfaction de nos clients. Je chapeaute ainsi les activités d’Engineering, Supply Chain et Procurement, Qualité, production et logistique.
Sans entrer dans le secret industriel, quels sont les principaux projets sur lesquels vous travaillez actuellement ?
Actuellement les 3 projets majeurs de ma Business Line sont :
- Le développement d’une nouvelle génération d’écrans installés dans les avions au dos des sièges pour divertir les passagers pendant le vol. La qualité d’image de ces nouveaux écrans sera réellement impressionnante,
- Le déploiement d’un système complet permettant la connectivité en vol. Il s’agit d’offrir aux passager une connectivité gate to gate, leur permettant d’accéder au web en connectant leur téléphone et tablette au wifi proposé dans l’avion,
- Le projet de transformation digitale. Il s’agit d’un nouveau concept de divertissement à bord et de connectivité basé sur les technologies digitales et cloud. Ce système permettra une évolution quasi en temps réel des contenus proposés (vidéo, musique, publicité) et un accès aux contenus Netflix, Apple, Disney, …
Vous travaillez actuellement en Californie. Quelles ont été les grandes étapes qui vous ont amené jusqu’ici ?
Le groupe Thales offre, de par son activité et ses implantations internationales, de très nombreuses opportunités à l‘international.
Après 15 premières années passées chez Thales en France, dans le domaine militaire export avec des expériences en Italie, Suède, Corée, Afrique du Sud en qualité d’ingénieur système, responsable produit radar, Program manager, Responsable des offres et Directeur de projet, on m’a proposé de partir pour une mission en Australie en tant que Responsable des Offres de la Business Line Air Traffic Management.
Ce fut mon premier contact avec l’international. Une expérience extrêmement réussie tant professionnellement que d’un point de vue personnel, l’Australie est un pays très accueillant. Je suis ensuite rentré en France, au sein de la Division Avionics située à Toulouse. J’y ai évolué pendant 6 années avant d’accepter un nouveau poste au Canada cette fois, dans la division Transport, Urban Signalling Business Line, en qualité de VP Large Project (projet métro driverless pour Dubai et Doha entre autres).
Au bout de 3 ans et demi, ma mission au Canada arrive à son terme et alors que ma famille et moi pensions revenir en France, le responsable de la Business Line IFE située en Californie m’a proposé de travailler à ses côtés en qualité de COO. La décision fut prise en famille de poursuivre l’expérience américaine, cette fois du côté de la côte ouest des États-Unis.
Chaque changement de pays vous oblige, on imagine, à repartir sur une page blanche (nouvelle vie sociale, nouveau lieu de vie, nouveau poste…). Cette idée d’écrire un nouveau chapitre est-elle pour vous une contrainte ou un moteur ?
Il faut reconnaître que, même si les 3 destinations où j’ai vécu et travaillé (Australie, Canada et États-Unis) peuvent faire rêver, elles impliquent à chaque fois de réels changements mais aussi quelques compromis. Il faut quitter des amis, des collègues et tout un quotidien dans lequel on a construit ses repères, pour se réinventer ailleurs, s’intégrer dans un nouvel environnement, ce qui n’est pas toujours facile. Heureusement, les choses se font naturellement. La 1ère année passe vite. Il faut s’acclimater à sa nouvelle vie, avec l’effet nouveauté et découverte qui aide à se projeter. Aussi, pour ma famille et moi, les trois expériences à l’international furent-elles très positives, que ce soit d’un point de vue enrichissement personnel, mais aussi pour mes enfants qui ont développé une réelle ouverture d’esprit et une capacité d’adaptation unique qui, je l’espère, leur profiteront toute leur vie.
Qu’est-ce qui vous plaît en particulier en Californie comparé à vos précédentes expériences à l’étranger ?
La Californie est un gigantesque État, quasiment aussi grand que la France, avec une grande variété de paysages, aussi bien entre le Nord (San Francisco) et le Sud ( LA, San Diego) qu’entre le bord de mer et l’intérieur des terres, avec ses déserts et ses montagnes. Le site de Thales se trouve quant à lui à Irvine en Orange County, entre Los Angeles et San Diego. La Californie c’est aussi la Silicon Valley, c’est une multitude de sociétés high tech, des universités brillantes mondialement reconnues (Standford, Berkeley, UCLA et toutes les autres UC), c’est aussi Boeing, Google, Amazon, Facebook, …
Par contre, sur le plan professionnel, travailler sur la côte ouest peut parfois s’avérer compliqué à cause du décalage horaire. Les 9h d’écart avec la France ont tendance à rallonger les journées de travail qui démarrent très tôt, en moyenne vers 7h du matin pour les premières conference call (déjà 16h en France). Et encore, c’est pire lorsque les projets impliquent des échanges avec des collaborateurs situés en Asie, au Moyen-Orient ou en Inde !
Que répondriez-vous si l’on vous proposait un poste en France ?
Après chaque expérience à l’étranger, mon premier choix a toujours été de rentrer en France. La France reste mon pays, mes amis (même si au cours des années on a développé un réseau d’amis dans les différents pays où nous avons vécu) et ma famille y vivent et je ne peux imaginer ne pas y revenir vivre un jour. D’ailleurs, lorsque nous sommes rentrés d’Australie pour nous installer à Toulouse, nous n’imaginions pas un jour repartir à l’étranger. Pourtant, lorsque l’opportunité au Canada s’est présentée, nous n’avons pas hésité longtemps avant d’accepter. Sans doute parce qu’au fond de nous, nous avons toujours su que ce n’était qu’une nouvelle expérience, avant un retour en France.
Dernière question : d’après votre expérience, quels sont pour un ingénieur, les avantages d’une carrière à l’international ?
L’expérience est unique et est sans doute encore plus bénéfique lorsqu’elle se fait en famille. Travailler à l’étranger permet de gagner en ouverture d’esprit, d’apprendre à s’intégrer et à manager des équipes multiculturelles. C’est un atout pour les ingénieurs à qui on demande de plus en plus d’interagir avec des entités et des partenaires aux expertises multiples. À ce titre, il n’y a pas de meilleure expérience que celle que l’on acquiert à l’international.
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