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02 juillet 2024

Rencontre avec Sarah Pérennès (ECL 2017) : Consultante senior énergie-climat chez Urbanomy (Groupe EDF)

Les transitions que doivent mener les entreprises et les industries impliquent une vision à la fois systémique des problématiques à aborder, mais aussi une solide approche technique, accompagnée d' une grande agilité, afin de pouvoir s’adapter rapidement aux besoins de changements. Des dispositions qui font des ingénieurs une pièce essentielle de ces processus à engager. Sarah Pérennes (ECL2017), consultante senior énergie-climat pour la société Urbanomy (Groupe EDF), fait partie de ces acteurs engagés auprès des entreprises. Elle nous parle de son métier, des défis auxquels elle est confrontée, et surtout de la satisfaction d’être au bon endroit pour faire bouger les lignes et aider à écrire un futur plus durable.


Technica : Bonjour Sarah. Vous travaillez comme consultante senior énergie-climat pour la société Urbanomy, filiale du Groupe EDF. Quel est pour vous l’ADN de l’entreprise ?

Urbanomy est en effet une filiale à 100% du groupe EDF créée en 2020 à l’issue d’un processus d’incubation au sein d’EDF Pulse. Nous sommes une entreprise de conseil en stratégie énergie et climat, et en ce sens nous souhaitons accompagner et co-créer avec nos clients, que ce soit des acteurs privés ou des collectivités, des solutions ambitieuses et réalisables pour leurs problématiques énergie et carbone, ou environnement au sens plus large.

Technica : Que vous apporte, en termes de synergies, le fait d’appartenir au Groupe EDF ?

Cette filiation nous permet de pouvoir proposer des services avec le pôle d’expertise d’EDF, avec par exemple des audits techniques réalisés sur site par des auditeurs EDF qui nous permettent d’avoir des éléments pertinents pour le travail sur la trajectoire énergie carbone d’une entreprise. Cela nous permet également d’avoir un appui ponctuel de la R&D d'EDF sur des sujets d’expertise précis, la R&D travaillant sur de très nombreux sujets liés à nos activités : systèmes énergétiques performants, impacts carbone, adaptation au changement climatique, biodiversité…

Technica : Comment est né votre engagement pour les problématiques liées aux questions de transitions, notamment énergétiques ?

J’étais en école d’ingénieur quand les mouvements Fridays for future et les marches pour le climat ont pris de l’ampleur. C’est à partir de là que mon engagement et ma compréhension des enjeux se sont approfondis, et que j’ai commencé à me spécialiser sur ces sujets. Ce fut dans un premier temps par l'intermédiaire des enseignements d’approfondissement en deuxième moitié de deuxième année à l’ECL, puis via un CDD de 5 mois dans une entreprise de dépollution.  Lors de ma dernière année, j'ai décidé de suivre un master à l’Université du Queensland (Brisbane, Australie) sur deux thématiques : "sustainable energy" et "entrepreneurship and innovation".

 

Dans la foulée de ma formation, j'ai effectué mon stage de fin d’études en tant que consultante en climat et économie circulaire, poste que j’ai ensuite occupé comme salariée pendant deux ans. J’ai ensuite souhaité retourner vers des sujets plus techniques, qui me semblaient plus stratégiques et donc plus pertinents pour avoir un impact positif.

Technica : Quelles sont les problématiques clients que vous rencontrez le plus souvent en tant qu' ingénieure consultante ? A titre d’exemple, quelles sont les missions sur lesquelles vous travaillez actuellement ?

Nous intervenons sur de nombreux sujets et nous essayons au mieux de nous adapter aux besoins du client, mais aussi de les challenger et de les amener plus loin dans leurs réflexions sur leurs impacts environnementaux. Nous avons en ce moment des missions de trajectoires de décarbonations pour des industriels, des portefeuilles de bâtiments, d’analyses des risques climatiques et mesures d’adaptation au changement climatique notamment, mais aussi des collectivités sur la définition de schéma directeur des énergies renouvelables.

 

Actuellement, j’accompagne un industriel du secteur de l’énergie sur la baisse de l’impact carbone de son activité, ainsi que les risques climatiques auxquels il est exposé et les mesures d’adaptation possibles. J’interviens également auprès d’un client qui dispose d’un portefeuille immobilier important pour l’aider dans sa trajectoire de décarbonation.

Technica : Quelles sont les difficultés/freins que vous pouvez rencontrer au cours de vos missions ?

Les difficultés régulièrement rencontrées sont essentiellement liées à la résistance au changement, la plupart du temps, elles ne viennent pas de notre interlocuteur direct (qui a souvent un poste au sein d’une direction RSE ou énergie de l’entreprise), mais des autres personnes à mobiliser au sein de l’entreprise. Il est impossible d’accompagner correctement les entreprises vers leurs objectifs sans impliquer de nombreuses personnes, que ce soit pour de la collecte de données, ou pour échanger à des niveaux plus stratégiques sur les ambitions et objectifs de l’entreprise. Il peut aussi arriver que les entreprises sous-estiment le temps qu’elles auront à consacrer de leur côté au projet, ce qui peut engendrer des décalages dans les plannings initialement prévus.

Technica :Y-a-t-il parfois un sentiment de frustration lors des missions que vous menez? A l’inverse, quel aspect de votre travail trouvez-vous le plus gratifiant ?

Il peut y avoir une frustration lorsque les clients sont peu impliqués dans les projets. Heureusement cela nous arrive rarement. Nos interlocuteurs principaux sont moteurs (car souvent issus dans des directions RSE, énergie). Quant à ce qui me plaît le plus, je trouve les missions passionnantes, j’apprends toujours beaucoup de choses au quotidien, de par le secteur qui évolue beaucoup, mais aussi les échanges que je peux avoir avec les clients, mes collègues et nos partenaires.

Technica : A quoi ressemble une mission réussie selon vous ? Selon quels critères ?

Une mission est réussie lorsqu’on sent que les clients sont ensuite prêts à passer à l’action ou qu’ils ont déjà commencé ! L’objectif est là pour moi : avoir un impact positif et contribuer à ces grands défis que sont le changement climatique, l’effondrement de la biodiversité, etc.

Technica : Avec un peu de recul, qu’ avez-vous appris à l’ECL qui vous sert le plus aujourd’hui ?

En tant qu’École généraliste, l’ECL m’a permis d’acquérir une vision globale et critique sur de nombreuses problématiques ce qui me permet de comprendre les enjeux de clients dans des secteurs variés : industrie, bâtiment, énergie, etc.  La formation à l'ECL me permet aussi d'appréhender des problèmes complexes avec des enjeux scientifiques, techniques, économiques et politiques.

Technica : Un dernier mot pour les étudiant.es qui se destineraient à exercer un métier dans le conseil énergie et climat ?

Le métier de consultant en énergie climat permet d’avoir un impact positif et d'agir concrètement sur la plus grande problématique de notre époque qu'est le changement climatique.

 

Le secteur est en constante mutation de par sa jeunesse. Il y a beaucoup de choses à apprendre et à comprendre et il est essentiel que les jeunes ingénieurs participent à la transition nécessaire des secteurs économiques et publics.

Auteur

Sarah est diplômée de Centrale Lyon et d'un Master de l’Université du Queensland (Brisbane, Australie) en : "sustainable energy" et "entrepreneurship and innovation". Elle débute sa carrière comme consultante en climat et économie circulaire auprès de l'agence de conseil "In Extenso Innovation Croissance", avant de rejoindre la société Urbanomy (Groupe EDF) comme consultante senior énergie-climat.

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